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Pour cette première édition de "Eclats d'Art", j’ai eu le plaisir de collaborer avec GorG One, peintre et street artiste, afin de créer des œuvres mêlant nos deux univers artistiques.
De notre rencontre est née une envie commune : concevoir ensemble des œuvres hybrides, à la croisée de la photographie et de la peinture.
Cette collaboration a donné naissance à une série d’œuvres originales : Gorg'One vient apposer directement son travail de peinture sur des séries de photographies imprimées sur papier d'art contrecollé dibon et en grand format.
4 séries sont proposées, avec 4 thématiques différentes.

Pour télécharger le catalogue de l'exposition et se renseigner sur "Eclats d'Art" c'est ici.

Incandescence

Le rouge s’impose, brûle, éclate.
Un cri longtemps contenu, une colère sourde, ancienne, adolescente, impossible à dire.
Elle est déposée là, sur la toile, brutale, incontrôlable.

Un trop-plein, un vertige, un basculement, amplifiés par le travail de Gorg’One.
L’instant où tout vacille, où la sidération cède à la révolte.
Où le refus prend corps, où l’indignation s’embrase.

Ces tableaux sont cathartiques.
Ils exposent la colère, la laissent exister sans la juger, et légitiment les événements ou les circonstances qui l’ont suscitée.
Ils en révèlent la violence mais aussi la nécessité.

Les exilés de la NRL

Ils sont là, sur le béton de la Route du Littoral.
Perdus entre mer et mur, sur cette banquise artificielle.
À La Réunion, une partie du bord de mer s’est figé en blocs.
On construit des murs, des routes, des centres commerciaux.
Ils s’adaptent, peut-être.
Ils observent, sûrement.
Ils restent, sans possibilité de retour.
Le béton remplace la glace.
Comme les murs remplacent l’horizon.
Comme une illusoire tentative d’immuabilité transforme le cycle de la nature. Pas de place pour l’éphémère ici.
Comme les certitudes remplacent les doutes.
Entre deux mondes, sans plus vraiment appartenir à l’un ni à l’autre.

Empreinte

 

Laurent est parti le 13 mai 2023.
Chez lui, seul, dans son appartement parisien.

On s’est rencontré la première fois à notre rentrée en 5ème.
Quarante ans d’amitié, interrompus brutalement après cet appel de nuit, après les cris de ma femme déchirant le silence.
Un vide immense. Des millions de questions en boucle et à jamais sans réponse.

Et cette série de photos, lors de notre dernière soirée tous ensemble.

La terrasse sur le toit de la maison à Malmousque, ce quartier de Marseille que tu aimais tant.
Des amis, des rires, des danses, des discussions, une joie absolue, tellement à ton image.

Sur ces photos, Gorg’One est venu peindre des oiseaux.

Des oiseaux qui s’échappent, se multiplient, se densifient.

Autant de pensées noires qui t’assaillent, te tourmentent et, finalement, prennent leur envol.

Comme ce flot d’émotions insaisissables que tu as dû combattre.

Comme ta silhouette qui se dissout peu à peu dans le ciel.

Terra Plastica

Deux années de suite, la même métamorphose.
Sur le rivage de Saint Denis, la mer a déposé un nouveau territoire.
Un continent éphémère, fait de bois morts et de déchets plastiques.
Bouteilles, bidons, frigo éventré. Une dérive échouée sur le rivage.

Au premier plan, ce chaos brut.
Dans le ciel, un fragment de plastique flotte, léger, presque en apesanteur.
Comme une réminiscence du désastre.

Un pêcheur est là, impassible. Sa ligne plonge dans l’océan, comme si rien n’avait changé.

Une vue ensolléillée de Saint Denis en arrière plan, l’horizon bleu.

Comme si ce paysage n’était pas un avertissement.

Et puis, elles surgissent.
Les baleines de Gorg’one, suspendues dans l’air, arrachées à l’océan.
Elles ne chantent plus, mais leur silence pèse.
Elles planent au-dessus des vestiges, sentinelles du désastre.
Comme si, dans leur élévation, elles tentaient encore de nous avertir.

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